Meurtre d’un supporter carolo avant le match de football Mons-Charleroi

Question de M. Eric Thiébaut au vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur sur « le meurtre d’un supporter carolo avant le match de football Mons-Charleroi »

Eric Thiébaut (PS): Monsieur le président, monsieur le ministre, voici quelques semaines, la mort d’un supporter de Charleroi, juste avant la rencontre de football qui opposait Mons et Charleroi pose une nouvelle fois la question de la sécurité autour des stades de football et surtout de l’encadrement des déplacements des supporters lors des matchs.

Si les circonstances du drame excluent qu’une confrontation directe entre plusieurs groupes de supporters rivaux n’ait eu lieu, puisque la malheureuse victime a été poignardée lors d’une altercation avec un gérant de snack en dehors du stade, ce fait confirme néanmoins que tout n’est pas suffisamment entrepris par les autorités pour mieux contrôler et encadrer les déplacements des supporters.

Ainsi, selon les informations publiées par les instances judiciaires, il semble que la victime avait effectué le déplacement vers Mons, malgré qu’elle soit interdite de stade pour des faits de violence antécédents et qu’elle ne disposait donc d’aucun billet d’entrée pour assister au match.

Face à ce constat, on peut légitimement se demander quelles sont les raisons qui l’ont poussé à se rendre au stade et surtout pourquoi aucun dispositif efficace n’est mis en œuvre pour empêcher les déplacements de supporters interdits de stade. C’était le cas ici pour ce supporter carolo considéré pourtant comme un élément perturbateur. Bien que des inspecteurs en civil, venus directement de Charleroi, suivaient discrètement les supporters, rien n’a semble-t-il été fait pour éviter ce drame.

Dès lors, monsieur le ministre, ne pensez-vous pas que des mesures d’encadrement plus rigoureuses doivent être prises à l’avenir à l’égard des supporters jugés dangereux lors des déplacements? Par exemple, ces déplacements sont interdits en Italie. Est-ce envisageable?

Patrick Dewael, ministre: Monsieur le président, cher collègue, il s’agit d’un incident dramatique qui, malheureusement, ne trouve pas nécessairement sa cause dans le football mais bien dans un problème de société, un problème social où le recours aux armes est de plus en plus fréquent. Je suis très préoccupé par cette violence et je suis persuadé que nous devons tous l’être et ensemble rechercher des solutions.

En ce qui concerne la question du football et le contexte du drame, je puis vous confirmer que le groupe de supporters de Charleroi était suivi de près par des ‘spotters’ et que ce groupe n’avait créé aucun incident avant d’arriver au snack.

S’agissant du déroulement des actes et des faits, je ne puis vous fournir aucun élément, eu égard à l’enquête judiciaire actuellement en cours.

Par contre, je puis vous assurer que, des éléments dont je dispose, rien ne permet de prétendre que la police n’a pas pris les mesures nécessaires pour l’encadrement de la rencontre de football. L’encadrement des supporters visiteurs s’élabore avant chaque match sur base d’une analyse dynamique de risques.

En plus de l’engagement de supporters, nous recourons à l’envoi de policiers de la zone du club visiteur lorsqu’il est considéré à risque. Grâce au travail des supporters et aux sanctions infligées aux fauteurs de trouble, aucun affrontement entre deux groupes de supporters n’a eu lieu depuis longtemps. L’incident dramatique de samedi soir ne résultait pas d’une logique d’affrontement entre hooligans, mais aurait malheureusement pu aussi se dérouler en dehors de tout contexte footballistique.

Je vous rappelle cependant que, dans l’État démocratique où nous vivons, nul ne peut entraver la libre circulation des personnes. Actuellement, la seule possibilité légale est d’interdire l’accès du stade à quelqu’un, mais cette interdiction n’empêche pas la personne de se rendre dans la ville où se déroule la rencontre.

Pour le cas de l’Italie que vous avez évoqué, je vous précise qu’il s’agit aussi d’une interdiction d’entrer dans le stade et non de se rendre dans la ville où se joue le match. Je puis cependant ajouter que, pour ceux qui ne respectent pas l’interdiction des stades, j’ai introduit en 2007 dans la loi « football » la possibilité d’imposer l’obligation de se présenter à un bureau de police durant les matchs. Il est évidemment inenvisageable d’appliquer un tel système à toutes les personnes sous le coup d’une interdiction de stade. En effet, d’une part, il s’agit d’une mesure grave qui ne doit être imposée que lorsqu’elle se justifie et, de l’autre, le système doit rester gérable. C’est pourquoi j’ai introduit, dans la même modification de la loi football, la possibilité d’infliger aux plus grands fauteurs de trouble une interdiction de se trouver dans un périmètre d’au maximum cinq kilomètres autour du stade.

Eric Thiébaut (PS): Monsieur le ministre, je vous remercie de votre réponse assez complète. Toutefois, je souhaite préciser un petit détail, qui me semble très important dans ce cas. Selon mes informations, la zone de police de Mons ne disposait pas de renseignements sur les supporters à risque venant de la zone de police de Charleroi. Vous pourriez donc peut-être donner des directives plus précises afin d’imposer que des informations sur les personnes à risque soient transmises entre les zones dès que se déplace une équipe. Cela pourrait contribuer à mieux prévenir de tels incidents à l’avenir.

Patrick Dewael, ministre: Je vais me renseigner.

Eric Thiébaut (PS): Merci, je n’en dirai pas plus.

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