Rapport de Test-Achats sur la mauvaise qualité de la nourriture (suite)

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Voici le compte rendu de mon « interpellation » et la réponse de la Ministre Laruelle

Question de M. Éric Thiébaut à la ministre de l’Économie, des Indépendants et de l’Agriculture sur « le rapport de Test-Achats sur la mauvaise qualité de la nourriture »

Eric Thiébaut (PS): Monsieur le président, madame la ministre, le bilan 2007 présenté vendredi dernier par « Test-Achats » révèle qu’en 2007, 40% des produits alimentaires analysés par l’organisation étaient de qualité mauvaise ou médiocre.

Ce chiffre est pour le moins interpellant et nous rappelle que nous ne pouvons avoir une confiance aveugle dans l’industrie alimentaire. Il rappelle également combien les missions de l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA), notamment de veiller à la qualité des aliments, sont cruciales.

À cet effet, si le retrait l’an dernier de 40 produits du marché pour non-conformité par l’AFSCA – cela fait près de trois par mois – prouve que celle-ci est bien soucieuse de veiller au bon respect de sa tâche, il démontre également que la situation alimentaire décrite par « Test-achats » est fiable.

Face à ce constat inquiétant pour notre santé, la question des contrôles renforcés doit, me semble-t-il, être posée.

Parmi les points noirs mis en avant l’an dernier par l’organisation de défense des consommateurs, « Test-achats » dénonce la présence trop importante de résidus de pesticides et réclame une législation plus contraignante. Entre autres exemples, l’alimentation déséquilibrée dans les fast-foods – mauvaises graisses et sel -, la présence de colorants dans les bonbons et l’existence de benzène cancérigène dans certaines boissons rafraîchissantes sont également pointées du doigt.

Étant interpellé par ce qui précède et plus largement par le contenu entier du rapport, je voudrais savoir dans un premier temps, madame la ministre, si la situation alimentaire que « Test-achats » relate est proche de la réalité.

Si tel est le cas, l’AFSCA dispose-t-elle des moyens suffisants pour dispenser les contrôles nécessaires et appliquer des sanctions adéquates en cas d’infractions?

Dans le cas contraire, envisagez-vous de renforcer l’AFSCA afin qu’elle mène à bien sa mission et améliore la qualité de nos produits alimentaires?

Sabine Laruelle, ministre: Monsieur le président, monsieur Thiébaut, j’ai évidemment pris connaissance des déclarations de « Test-Achats » concernant son bilan en 2007 dans le domaine alimentaire, tout en attachant tout comme vous à ce bilan l’importance qu’il mérite. Je voudrais cependant nuancer les conclusions que l’on peut en tirer sur le plan de la sécurité. M. Remy lui-même a d’ailleurs nuancé ces propos sur le plateau d’une télévision bien connue ce dimanche midi.

Comme le souligne cette organisation de consommateurs, la Belgique n’a connu en 2007 aucune crise dans ce secteur ni même d’incident notable. Cela signifie que notre Agence pour la sécurité de la chaîne alimentaire fonctionne et qu’elle fonctionne bien. Elle a d’ailleurs en plein été jugulé immédiatement un nouveau problème lié à la présence de dioxine dans la gomme de guar indienne, produit largement utilisé dans des denrées diverses.

Les critiques de « Test-Achats » portent en grande partie sur des problèmes de fraîcheur (par exemple pour les jambons, les asperges, etc.), facteur que le consommateur doit aussi pouvoir apprécier lui-même lors de ses achats, en se basant notamment sur les dates de fraîcheur ou encore sur la composition ou l’étiquetage des produits. C’est le rôle bien évidemment d’une association de consommateurs, privée d’ailleurs, que d’émettre des desiderata à cet égard. Cependant, la très grande majorité des normes est établie avec les 27 États membres dans des réglementations européennes. Ce sont ces standards que les services de contrôle officiels sont tenus d’appliquer. Il est logique de faire un maximum de choses au niveau européen, étant donné la liberté de circulation des biens et produits.

Certaines critiques peuvent paraître un peu excessives, notamment celles qui concernent les teneurs en résidus de pesticides qui constituent un point noir selon l’analyse de « Test-Achats ». À cet égard, on doit remarquer que les résultats sont largement biaisés par le fait que l’analyse a porté sur 85 échantillons de fruits et légumes pour lesquels la probabilité de dépassement des normes est la plus grande. Si l’on cherche là où on est certain de  trouver, on trouve évidemment plus facilement. Or, il faut savoir qu’une limite en résidus pour ces produits n’est pas directement liée avec leur toxicité et que, faute d’harmonisation complète des limites maximales dans l’Union européenne, un fruit peut être conforme pour le marché espagnol ou portugais et ne pas l’être pour le marché belge.

Or, comme je vous le disais, on doit tenir compte de la libre circulation.

Si je prends les résultats de l’AFSCA en 2006, sur 521 échantillons de fruits, on constate 1,8% de dépassement de la limite maximale en pesticides pour les produits belges. Par contre, on constate 15,8% pour les fruits d’origine étrangère. Pour les légumes, on obtenait respectivement 6,1% pour les légumes d’origine belge et 10,2% pour les légumes d’origine étrangère, sur 838 échantillons. « Tests-Achats » a analysé 85 échantillons, l’AFSCA a analysé 521 échantillons de fruits et 838 échantillons de légumes, cela permet d’apprécier les deux résultats.

Une étude du comité scientifique de l’Agence vient de conclure que l’exposition des consommateurs belges aux résidus de pesticides ne présentait aucun danger. Quant au problème de benzène dans les boissons rafraîchissantes, c’est une question qui est en partie résolue grâce notamment à un changement de technologie.

Si on se base sur les plus de 66.000 échantillons prélevés par l’AFSCA, on peut conclure que notre alimentation n’a jamais été aussi fiable. Quand on regarde au niveau mondial, cela paraît évident.

En ce qui concerne les moyens accordés à l’AFSCA, il est vrai que face aux difficultés budgétaires rencontrées, le management a dû prendre des mesures restrictives et le plan de personnel n’a pas été totalement exécuté. Il manque environ 100 équivalents temps-plein.

Vous n’êtes pas sans avoir que nous sommes en train de travailler au budget et dans les demandes que j’ai adressées au ministre du Budget, qui devront faire l’objet d’un certain nombre d’arbitrages, se trouve un refinancement public de l’AFSCA. Si on compare avec les pays voisins, l’AFSCA est financée par les deniers publics à hauteur de 50%. Si on reprend les quatre pays voisins en plus de la Belgique, on atteint 80%. Il y a donc une marge de refinancement tout à fait indispensable.

L’Agence dispose aussi d’outils juridiques nécessaires pour appliquer les sanctions qui sont suffisamment dissuasives, me semble-t-il.

Eric Thiébaut (PS): Madame la ministre, je vous remercie pour cette réponse rassurante. J’en déduis que nous avons intérêt à manger des fruits d’origine belge! Pour les bananes et les ananas, cela sera plus compliqué! Votre réponse nous apprend que notre propre production est très saine. Je suppose qu’il y a lieu d’avoir un regard plus critique par rapport aux importations de fruits et légumes.

2 réponses
  1. syl
    syl dit :

    Il est certain que manger des fruits et légumes de saison et provenant de la région est bénéfique, tant pour la santé des pesonnes que pour celle de l’environnement (moins de trajet = moins de pollution et d’émissions de CO2)
    Pour ce qui est des bananes et autres fruits « exotiques », il reste à acheter des produits bio et du commerce équitable : même s’ils sont un peu plus chers, c’est meilleur pour notre santé et pour le bien-être des producteurs. Idem pour le café. Si on fait son café avec une cafetière « ordinaire », on peut largement se payer un café bio, équitable et haut de gamme, par rapport au coût des dosettes pour machine moderne à expresso. Le tout est de changer ses habitudes!
    Quant à l’innocuité des pesticides, permettez-moi d’en douter.
    Je ne sais sur qui a financé l’étude de l’AFSCA, mais je leur conseille vivement la lecture de l’ouvrage suivant : http://www.ecologiste.org/index1.html.
    D’accord, ça concerne la France, mais je pense ne pas me tromper en disant que la Belgique doit avoir des normes à peu près semblables (à vérifier, évidemment). N’empêche que je ne vois pas comment des perturbateurs endocriniens pourraient n’avoir aucun effet néfaste sur notre santé??
    Pourquoi, alors, les agriculteurs doivent-ils se revêtir d’une espèce de « scaphandre » pour pulvériser certains produits? S’ils étaiens si sains, ce ne serait pas nécessaire,non?
    Allez, bon dimanche quand même,
    Syl

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